==>Modifications [d’autres commencent à donner lieu, La décadence est dans sa phase noire]
Quand une très puissante classe financière a pu se constituer en se désolidarisant du destin de son pays, quand le Pouvoir croit qu’il peut gérer son Peuple malgré cette grosse défection et quand les aspirants à la politique sont formés à l’art confidentiel de conquérir et conserver le pouvoir en toute circonstance, le processus de décadence du pays peut commencer et aller jusqu’à la soumission à une force extérieure sauf si l’en empêchait une nouvelle disposition de la Constitution.
Les aspirants reçoivent une formation spéciale à la politique que n’aurait dédaigné aucun roi pour son héritier tant elle permet de régner sur le Peuple. Cette formation, qu’ils en aient conscience ou non, les sépare définitivement du peuple et leur crée une responsabilité considérable vis-à-vis de celui-ci.
Avec de tels moyens, les uns-3 à 5 par siècle?- serviront sincèrement le pays tandis que les autres gèreront une carrière peu imaginative et peu volontaire sans se soucier du risque de décadence pour leur pays.
Elle écarte les premiers et ne traite qu’avec ceux qui, parmi les seconds, auront publiquement fait montre de belle prestance et de belles résolutions à l’image du héros de Bel Ami de Maupassant. Elle doit seulement exploiter , chez ces pressentis, les défauts potentiels qu’ils partagent avec nous tous et dont nous parlons si librement lorsqu’il s’agit de personnages du passé: ces défauts que j’ai appelés licences dans mon essai: l’addiction à l’aisance matérielle, les divertissements libertins, la confiance absolue et naïve dans les décisions des puissances d’argent…
Il s’ensuit alors que, bon an mal an, une petite majorité du monde politique décide de délaisser la régulation du pays -la seule action qui justifie son existence- pour adopter une non-attitude, le « Laisser Faire », afin de laisser le Libéralisme exercer sa Loi du plus riche. Elle conserve la tâche de la perception des impôts qui s’avère évidemment impopulaire puisque peu d’éléments justificatifs sont donnés . Elle conserve aussi la tâche de la gestion des ronds de serviette qui ne la valorise pas plus, malgré tous ses efforts. En vérité, cet abandon la conduit progressivement à l’ignorance de la capacité réelle du Peuple à formuler des idées et à la méconnaissance des dossiers préparés par les Lobbies.
Elle ne comprend pas les conséquences de la libre entreprise libérale mais, pour se donner bonne conscience, Elle reprend l’argument selon lequel les initiatives libérales sont sauveuses de l’Emploi.
Une Parabole du Prince rentrant dans son pays et arrêté à la frontière illustre bien l’écart qui peut exister entre apparence et réalité.
Le Prince avait oublié ses papiers d’identité mais, s’appuyant sur des signes extérieurs de grandeur (l’immatriculation mystérieuse de son véhicule), demande à ce qu’on le laisse passer. Comme le douanier décide d’appliquer le règlement, il lui fait admettre qu’il doit pouvoir fournir des preuves incontestables de sa fonction, tel le célèbre boxeur qui invité à prouver son identité avait administré une correction sévère à un des fonctionnaires de la douane ou le musicien qui avait sublimement joué pour lui. A cette énumération de compétences, l’individu se désole de ne pouvoir rien faire en sa faveur et entend alors le douanier s’excuser « Cela est bon, Vous êtes bien le Prince, je ne vous avais pas reconnu ».
Dans un premier temps, malgré le reniement de leur raison d’être, les Politiciens gardent leur prestige auprès du Peuple. Ils y parviennent d’abord en exhibant les signes de l’importance de leur personne (réussite matérielle, distinctions de l’État, qualificatif louangeur, tel « le meilleur d’entre nous« …) et, par conséquent de leur action pour le pays, ensuite en favorisant l’individualisme des Citoyens pour les diviser et les affaiblir et enfin en leur offrant un cadre de vie de décadence, si futile (Second-Empire, Belle Epoque, Peopolisation) que l’analyse du destin qui leur est préparé leur apparaîtra si ennuyeuse qu’ils ne la pratiqueront pas. La décadence est alors dans sa phase brillante.Les acteurs politiques ne donnent pas au Peuple les explications indispensables, explications dont l’élaboration leur aurait apporté une compétence supplémentaire. C’est par de telles impasses qu’ils finissent par se faire des illusions sur leur valeur.
Tout est facile, ce qui attire probablement des « copains et des coquins » (Michel Poniatowski) dans cette caverne d’Ali Baba et décourage des hommes potentiellement féconds, leur sens de l’honneur et leur savoir-faire, par suite d’une inversion des valeurs, ayant mauvaise presse dans ce milieu.
Lorsque la situation des Citoyens se dégrade, ces Politiciens s’abritent derrière des spécialistes qui donnent des explications d’une complexité pseudo scientifique telle qu’elle désarme les Citoyens sans les convaincre. Ces Politiciens y ajoutent leurs pensées profondes (approximativement citées) : qu’ils prennent parfois la bicyclette; une dette est une dette…La décadence est dans sa phase terne.
La situation est déjà suffisamment grave pour que ces Politiciens puissent penser « mettre tout sur la table » pour engager des débats avec la Population. Mais cela ne s’est encore jamais produit, sans doute pour une ou plusieurs des craintes suivantes :
du blâme pour incompétence,
d’une obligation d’accepter la diminution de leurs rémunérations qui étaient octroyées par l’Etat ou votées par eux-mêmes,
d’une obligation de démissionner compte tenu des abus de biens sociaux qui pourraient être découverts…
C’est d’autant plus une faute que le Peuple contient sur le plan quantitatif légèrement plus d’individus –un peu de litote fait du bien- que le monde politique et qu’il serait possible sur le plan qualitatif – litote toujours- de trouver parmi eux des esprits presque aussi géniaux que les politiciens et surtout jamais abîmés par les dures réalités du cynisme politique. Ce Peuple serait prêt à travailler en commissions et en séances plénières pour sauver le pays.
Lorsque l’insatisfaction monte encore, ils n’ont plus le temps d’ouvrir leur dossier. Ils font des concessions déjà dépassées et ruineuses. Mais surtout une forme de mépris s’installe: de nombreuses questions du Peuple sont contournées, d’autres commencent à donner lieu à des débats tendus entre milieux autorisés et personnes qu’on n’entendait jamais.
http://www.france2.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais/diffusions/05-09-2014_259857
Le divorce est proche. La décadence est dans sa phase noire.
La situation ne semble pas soluble par la paix. Pourtant la Constitution des pays pourrait prévoir que les non-respects du mandat, constatés au bout d’un laps de temps convenu, devraient entraîner la Consultation du Peuple, surtout dans les pays où existent des votes des élus du genre article 49-3.
Amalric Eulsaur
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